Jaurès
Ils étaient usés à quinze ansIls finissaient en débutantLes douze mois s'appelaient décembreQuelle vie ont eu nos grands-parentsEntre l'absinthe et les grand-messes...Ils étaient vieux avant que d'êtreQuinze heures par jour le corps en laisseLaissent au visage un teint de cendreOui, notre Monsieur oui notre bon MaîtrePourquoi ont-ils tué Jaurès ?Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?
On ne peut pas dire qu'ils furent esclavesDe là à dire qu'ils ont vécuLorsque l'on part aussi vaincuC'est dur de sortir de l'enclaveEt pourtant l'espoir fleurissaitDans les rêves qui montaient aux yeuxDes quelques ceux qui refusaientDe ramper jusqu'à la vieillesseOui notre bon Maître, oui notre MonsieurPourquoi ont-ils tué Jaurès ?Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?
Si par malheur ils survivaientC'était pour partir à la guerreC'était pour finir à la guerreAux ordres de quelques sabreursQui exigeaient du bout des lèvresQu'ils aillent ouvrir au champ d'horreurLeurs vingt ans qui n'avaient pu naîtreEt ils mouraient à pleine peurTout miséreux, oui notre bon MaîtreCouvert de prèle, oui notre Monsieur
Demandez-vous, belle jeunesseLe temps de l'ombre d'un souvenirLe temps du souffle d'un soupirPourquoi ont-ils tué Jaurès ?Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?