Mai 40
On jouait un air comme celui-ciLorsque la guerre s'est réveilléeOn jouait un air comme celui-ciLorsque la guerre est arrivée
Moi de mes onze ans d'altitudeJe découvrais, éberluéDes soldatesques fatiguéesQui ramenait ma belgitudeLes hommes devenaient des hommesLes gares avalaient des soldatsQui faisaient ceux qui ne s'en vont pasEt les femmesLes femmes s'accrochaient à leurs hommes
Et voilà que le printemps flambeLes canons passaient en chantantEt puis les voilà revenantDéjà la gueule entre les jambesComme repassaient en pleurantNos grands frères devenus vieillardsNos pères devenus brouillardEt les femmesLes femmes s'accrochaient aux enfants
Je découvris le réfugiéC'est un paysan qui se nomadeC'est un banlieusard qui s'évadeD'une ville ouverte qui est ferméeJe découvris le refuséC'est un armé que l'on désarmeEt qui doit faire chemin à piedEt les femmesLes femmes s'accrochaient à leurs armes
D'un ciel plus bleu qu'à l'habitudeCe mai 40 a saluéQuelques Allemands disciplinésQui écrasaient ma belgitudeL'honneur avait perdu patienceEt chaque bourg connut la crainteEt chaque ville fut éteinteEt les femmesLes femmes s'accrochèrent au silence