Le Lapin et les Chameaux
Un riche et vieux sultan possédait en Afrique,Dans un de ses jardins, un rosier magnifiqueMais un jour, un chameau entra dans le jardinEt mangea le rosier pour apaiser sa faim.
Le sultan, furibond, manda ses commissairesEt s'armant d'un grand fouet pour calmer sa colèreLui-même il les fouetta, les fouetta jusqu'au sangPuis il les renvoya en leur recommandant :« Arrêtez les chameauxLes petits et les gros !Patatri !Patatro !Les papas, les mamansLes chameaux enfants !Les gros et les petitsJ'm'en moque, tant pis !Prévenez le bourreauMettez-les au cachot ! »Et patatri !Et patatro !
Tremblants, mourant de peur, les pauvres commissairesTinrent un grand conseil, un vrai conseil de guerreIl y fut décidé qu'au milieu de la nuitOn arrêterait tous les chameaux du pays.
Mais un petit chameau apprit toute l'affairePar un vieux chamelier et prévint tous ses frères,Les chameaux alertés s'emplirent l'estomacFirent des provisions et quand le soir tomba.
On put voir les chameauxLes petits et les grosPatatri !Patatro !Les papas, les mamansEt les chameaux enfantsLes gros et les petitsS'échapper dans la nuitTandis que le bourreauAiguisait son couteauPatatri !Patatro !
Le Général Chameau qui dirigeait la fuiteAperçut un lapin galopant à leur suiteEt dit en s'arrêtant : « Lapin, où donc cours-tu ? »Le lapin répondit : « Moi, j'ai tout entenduEt je fuis, Général, je tiens à l'existenceJe connais la justice et je n'ai pas confianceJe ne suis pas chameau mais, avant de le prouver,Le juge et le commissaire m'auraient fait zigouillerEt mon papa m'a dit, quand j'étais tout petit :“Apprends donc à courirAvant de réfléchirÇa pourra te servir.Tu le vois, j'obéisJe me mets à l'abri.”Je n'ai rien que ma peauMais j'y tiens beaucoup tropTant pis pour le bourreau. »Allez, messieurs au galop !Patatri, patatroPatatri, patatro