Nul ne guérit de son enfance (1991)
Sans que je puisse m'en défaireLe temps met ses jambes à mon couLe temps qui part en marche arrière me fait sauter sur ses genouxMes parents, l'été, les vacances, mes frères et sœurs faisant les fousJ'ai dans la bouche l'innocence des confitures du mois d'août
Nul ne guérit de son enfance, de son enfanceNul ne guérit de son enfance, de son enfance
Les napperons et les ombrelles qu'on ouvrait à l'heure du théPour rafraichir les demoiselles roses dans leurs robes d'étéEt moi le nez dans leurs dentelles, je respirais à contre-jourDans le parfum des mirabelles, l'odeur troublante de l'amour
Nul ne guérit de son enfance, de son enfanceNul ne guérit de son enfance, de son enfance
Le vent violent de l'histoire allait disperser à vau-l'eauNotre jeunesse dérisoire, changer nos rires en sanglotsAmour orange amour amer, l'image d'un père évanouiQui disparut avec la guerre, renaît d'une force inouie
Nul ne guérit de son enfance, de son enfanceNul ne guérit de son enfance, de son enfance
Celui qui vient à disparaître, pourquoi l'a-t-on quitté des yeuxOn fait un signe à la fenêtre sans savoir que c'est un adieuChacun de nous a son histoire et dans notre cœur à l'affûtLe va-et-vient de la mémoire ouvre et déchire ce qu'il fût
Nul ne guérit de son enfance, de son enfanceNul ne guérit de son enfance, de son enfance
Belle cruelle et tendre enfance, aujourd'hui c'est à tes genouxQue j'en retrouve l'innocence au fil du temps qui se dénoueOuvre tes bras, ouvre ton âme, que j'en savoure en toi le goûtMon amour frais, mon amour femmeLe bonheur d'être et le temps doux
Pour me guérir de mon enfance, de mon enfancePour me guérir de mon enfance, de mon enfance.