Édith Piaf "Le Bel Indifférent" lyrics

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Le Bel Indifférent

{Une pauvre chambre d’hôtel, éclairée par les réclames de la rue. Divan-lit. Gramophone. Téléphone. Petit cabinet de toilette. Affiches.Au lever du rideau, l’actrice est seule, en petite robe noire. Elle guette à la fenêtre et court à la porte surveiller l’ascenseur, puis elle vient s'asseoir près du téléphone, puis elle met un disque et l’arrête. Elle retourne au téléphone et forme un numéro.}

Allo, c’est vous Georgette ? Passez-moi Monsieur Totor. Si, trouvez-le. J’attendraiLe voilà ? Parfait ! Passez-le-moiTotor ? C’est toi ? C’est moi, ouiÉmile et en haut ? Non ?Tu l’as vu ? À quelle heure ? Et… et il était seul ? Et tu ne te doutes pas où il allait ? Il ne t’a rien dit ? Il était noir ?Oh, je ne suis pas inquiète, j’avais une chose urgente à lui dire, et j'arrive pas mettre la main dessusÇa marche ? Bravo ! Moi ? Oh, moi, après mon travail, je rentre, je suis morte.Mieux, plutôt mieux. Le docteur ? Si tu crois que j’ai du fric pour voir les docteurs.Non mais je me soigne, je rentre, je me coucheÉmile ? Émile et un ange. Il est parfait pour moi. Mais si, il va rentrer. Il ne me quitte jamais. Il devait avoir une affaireEnfin ça va. Je t’embrasse, hein. Allez, au revoirAu revoir Totor. Bonne chance

(Elle raccroche. Elle entend le bruit de l’ascenseur et va écouter à la porte. Le téléphone sonne, elle se précipite.)

Allo ! Ah ! C’est vous ! Votre frère ?Naturellement qu’il est là votre frère. Il est là, mais il est dans la salle de bains.Je vais l’appeler.Émile ! Émile ! Quoi ? Tu ne peux pas venir ? Charmant !Allo. Ce qu’il et grossier !Non. Il me crie qu’il est tout nu et que ce ne serait pas convenable au téléphoneSi je suis sûre qu’il est là ?Vous êtes folle, Simone. Naturellement qu’il est là !Ah, ce n’est pas ma faute s’il refuse de, de se déranger, de, de venirTa sœur trouve que tu pourrais te déranger !Ah, il a un vocabulaire choisi !Non, il est dans l’eau et il prétend rester dans l’eauJe vous redemanderai. C'est ça !

(Elle raccroche. — Entre les dents)

La garce !

(Elle reprend sa faction. Bruit d’ascenseur. Elle se précipite. On entend une autre porte. Silence. Elle s’appuie, debout, contre la porte, épuisée. Elle va à la pendule et avance les aiguilles. A mi-voix.)

C’est pourtant facile de téléphoner, de décrocher un appareil !

Elle regarde le téléphone et tout à coup se décide à mettre une cape. Bruit de clefs. Elle ôte la cape. Elle se précipite sur le divan et prend un livre. La porte s'ouvre Émile entre. C'est un magnifique gigolo, au bord de ne plus l’être. Il entre, et, pendant ce qui va suivre, se déshabillera, allant du cabinet de toilette à la chambre en sifflotant.

Ta sœur a téléphonéJ’ai dit que tu étais dans ton bainPas la peine qu’elle sache que tu n’étais pas rentré à l’hôtel, que tu traînais n’importe où. Elle aurait été trop contente ! Du reste, elle ne téléphonait que pour se rendre compte. Elle répétait "Vous êtes bien sûre qu’il est là ?"Quelle garce !Où étais-tu ?J’ai demandé chez Totor, on t’avait vu, mais on ne savait pas où tu étaisL’heure passe si vite ! Je lisais, je croyais que je venais de rentrer de mon travail et puis je regarde la pendule et je m’aperçois qu’il est une heure impossibleOù étais-tu ?

(Silence)

Parfait ! Tu ne veux pas répondre, comme d’habitude ! Ne réponds pas, mon bonhomme ! Ce n’est pas moi qui t’interrogerai, qui insisterai. Je ne suis pas de ces femmes qui font des interrogatoires et qui marchent sur vos talons jusqu’à ce qu’elles sachent ce qu’elles veulentAvec moi tu n’as rien à craindre !Je te demande où tu étais…Tu refuses de répondre ?La cause est entendue. Seulement, à l’avenir, moi, j’en prendrai à mon aise. Pendant que Monsieur se promène, j’irai où bon me semble, et je ne te rendrai pas de comptes. Ce serait trop facile, merci !Monsieur fait ce qu’il veut, et Madame doit rester enfermée à triple tour à l’hôtel !J’ai compris. Je ne comprenais pas, mais j’ai compris. Bonsoir messieurs-dames. Je rentrais comme une petite fille bien sage attendre Monsieur… Et Monsieur ne rentre pas ! Monsieur est tranquille, Monsieur sait que Madame est à l’hôtel, qu’elle dort. Alors Monsieur cavale ! Mais tout ça va changer. Dès demain, j’accepte les offres des types qui m’envoient des fleurs, des lettres, Champagne etcetera. Et Monsieur verra comme c’est drôle d’attendre. D'attendre toujours

Émile a passé sa robe de chambre, il se couche sur le lit, allume une cigarette et déploie un journal qui lui cache la figure.

Lis ton journal ! Lis ton journal, ou plutôt fais semblant de le lire. Rien ne m’empêchera de crier…

(on frappe à la cloison; elle continue plus bas)

…de crier ce que j’ai sur le cœurC’est très commode un journal. Derrière un journal, on se cache. Mais moi, derrière ce journal, je devine ta figure méchante et attentive, oui, mon cher, at-ten-tive !Je parlerai, je viderai mon sac ! Rien ne m’empêchera de vider mon sac !

(on frappe à la cloison)

Merde !

Lis ton journal, c’est si simple !Sais-tu ce que c'est, toi, que d’être malade, de s’en aller de la caisse ? Sais-tu ce que c’est que de rentrer vite chez soi, que d’espérer l’appui de la personne qu’on aime, et que de trouver la chambre vide et que d’attendre ?

Attendre ! Je la connais cette chambre. Si je la connais !Je connais les réclames rouges et vertes qui s’allument et qui s’éteignent et qui ont l’air de tics d’un vieux maniaqueJe connais les taxis qui font semblant de s’arrêter, qui ralentissent et qui passent. Et chaque fois, le cœur s’arrête de battreJe connais l’ascenseur qui monte à l’étage au-dessus ou qui s’arrête à l’étage au-dessous et le bruit des autres portesJe connais les aiguilles de la pendule qui filent à toute vitesse si on ne les regarde pas, et qui, si on les regarde, se glissent comme des voleurs, si lentement qu’on ne les voit pas remuer et qu’on croit que la pendule se trompeAttendre. Faire attendre, chez toi, c’est de l’art ! Un supplice chinois. Tu connais tous les trucs, tous les moyens les plus épouvantables de faire du mal et de nuire

Ce que j’ai attendu!Je compte jusqu’à mille, jusqu’à dix mille, jusqu’à cent mille. Je compte mes pas entre la fenêtre et la porte. Je combine des calculs pour que mes pas comptent le double. Je mets un disque. Je commence un livre et j’écoute. J’écoute avec toute ma peau comme les bêtes ! Et quelques fois je n’y tiens plus et je téléphoneJe téléphone dans une de ces sales boîtes où tu traînes, où tu dois torturer d’autres femmes. Et tu viens toujours de partir ! Et jamais on ne sait où tu es parti. Et la dame du lavabo qui prend une voix de mère-poule, une voix compatissante. Ah ! Celle-là, je la tuerais !

Du reste, il est possible que je te tue. On cite des femmes qui ont tué leur amant pour moins que ça. Attendre, attendre, attendre, attendre ! C'est à devenir folle, et ce sont les folles qui tuent !Après je me tuerai. Je ne supporterai pas de vivre sans toi. J’en suis certaine. Mais que veux-tu, c’est un réflexe !

Regarde, je parle, je parle, d’autres que toi jetteraient leur journal, me répondraient, s’expliqueraient ou me gifleraient. Toi, non ! Tu lis ton journal ou tu fais semblant de le lireJe donnerais cher pour voir ta figure derrière ce journalTa figure de diable. Une figure que j’adore et qui me donne envie de prendre un revolver et de te tirer dessus !

Écoute, Émile, cette nuit, j’ai décidé de tout te direJe crois qu'il vaut mieux qu'on se quitte

Si ! Tu es habitué à ce que je souffre en silence, à ce que je la boucle, mais la mesure est comble !À deux heures je m’étais promis, si tu rentrais, de me taire, d’être gentille, de me coucher, de faire comme si je dormais, comme si tu me réveillaisÀ deux heures dix, la torture des voitures et de l’ascenseur a commencéÀ deux heures un quart, ta sœur a eu l’idée géniale, lumineuse, de faire sa police et de voir si tu étais rentré à l’hôtel, et à deux heures et demie, j’ai perdu le contrôle de moi-même, et j’ai décidé, oui, décidé que je parlerais et que j’en finirais avec ce silence !

Oh ! Tu peux te taire, tu peux lire ton journal, tu peux te réfugier derrière ton journal. Je m’en fous ! Je ne serai pas ta dupe. Je te vois, je te vois malgré le journal. Ha, ha !Ma scène t’embête, hein ? Tu ne t’y attendais pas. Tu te disais "C’est une victime, profitons-en" ! Eh bien non, non, non, non et non, je refuse d’être une victime et de me laisser cuire à petit feu. Je vivrai, je lutterai, et j’obtiendrai gain de cause

Je t’aime. C’est entendu. Je t’aime et c’est ta force. Toi, tu prétends que tu m’aimes. Mais tu ne m’aimes pas, Émile. Si tu m’aimais, tu ne me ferais pas attendre, tu ne me tourmenterais pas à chaque minute, à traîner de boîte en boîte et à me faire attendre. Je me ronge. Je ne suis plus que l’ombre de moi-même. Tiens : un fantôme ! Un vrai fantôme. Un fantôme couvert de chaînes, de toutes les chaînes que tu m’accroches. Un fantôme dans une oubliette

Je sais ce que tu voudrais. Je le sais. Tu voudrais pouvoir aller et venir, faire tout ce qui te passe par la tête, coucher avec la terre entière et savoir que moi, moi que tu aimes, ha, ha, ha, paraît-il, je suis enfermée à triple tour dans un coffre-fort dont tu tiens la clef dans ta poche. Et alors, tu serais tranquille ! C’est ignoble. Ignoble !

Émile !

Oh! Bon. Continue, lis ton journal, lis ton journalIl y a beau temps que tu dois avoir fini de le lire ! Je te conseille de le relire, de le lire de haut en bas et de bas en haut, de gauche à droite et de droite à gaucheTu es grotesque. Voilà ce que tu es. Tu es grotesqueMonsieur est calme. Monsieur veut me prouver qu’il est calmeEt moi, je ne suis pas calme, dis ? Je suis le calme ! Un modèle de calme ! Je ne connais pas beaucoup de femmes qui conserveraient leur calme au point où je garde le mien !Il y a longtemps qu’une autre t’aurait arraché ce journal ou t’aurait obligé à répondre quelque chose ! Moi pas !J’ai décidé que je conserverais mon calme et je le conserveraiC’est toi qui manques de calme ! Je ne suis pas folleJe vois ta jambe qui tremble, tes mains qui blanchissentTu crèves de rage ! Tu crèves de rage parce que tu te sais en faute

Où étais-tu ?J’ai téléphoné chez Totor, tu venais de partir, avec une poule sans douteSans doute avec cette poule immonde chez laquelle tu couches quand tu me dis que tes collègues te demandent de monter à MarseilleTais-toi ! Je la connais et je te connaisUne femme qui a le double de ton âge, qui s’habille au marché aux puces. Les gens se retournent dans la rue !Et voilà la poule que Monsieur trouve ! Et voilà la poule avec laquelle il me trompe !Encore, j’apprendrais que tu me trompes avec une petite fille fraîche, neuve, que tu lances, que tu as dans la peau… Je ne dis pas que ça m’enchanterait, non ! Mais je te trouverais des excuses. Mais là, une vieille femme, même pas riche, et qui te rapporte quoi ?Hum ? Quoi ? Je te le demande ! Enfin, les hommes sont fous ! Fous et vicieux et funestes. Funestes. Car tu es funeste. Eh bien, voilà le mot, je le cherchais. Tu es funeste !

Et ma santé ? Tu y penses à ma santé ? Tu t’en fous, hein ? Si je crevais, je te débarrasseraisTu crois que ça l’arrange, ma santé, d’attendre, d’attendre, d’attendre toujours. D’aller de cette fenêtre à cette porte ou de cette porte à cette fenêtre ?Il n’y avait pas de téléphone dans cet hôtel infect. Je l’ai fait poser. Pourquoi ? Pour que Monsieur puisse me rassurer, me dire "J’ai une affaire, je suis à tel et tel endroit, ne t’inquiète pas, mon amour, je rentre tout de suite."Dépense inutile : c’est ta sœur qui téléphone !

Le téléphone est devenu un instrument de supplice en plus. Il y avait l’ascenseur. Il y avait la sonnette d’en bas. Il y avait les clefs dans les portes. Il y avait la pendule. Maintenant il y a le téléphone. Ce téléphone que je regarde, que je dévore des yeux, et, et le silence. Jamais Monsieur n’aurait l’idée, où il se trouve, Dieu sait où – chut ! Je préfère l’ignorer - jamais il n’aurait l’idée de se dire "Elle crève toute seule à l’hôtel, c'est pas difficile, je vais donner un coup de téléphone."Ha, ha, ha ! Ça s'rait trop de peine, faudrait allonger le bras. Prouver à la poule avec laquelle tu es que tu en as une autre à la maison. Sortir de ton mystère, de ton "mutisme"

Émile ! Tu t’obstines ? Tu t’accroches à ce journal ? Un, deux, trois ! Très bien !Je continuerai ! Je continuerai car je sais que tu écoutes et que je t’embêteLe sort en est jeté ! Je te sortirai tout le paquet. Je te dirai tout ce que j’entasse depuis des mois. Je te dirai tout ce que j’ai sur le cœur !Une patate ! Ça s’appelle une patate ! J’ai une patate sur le cœur. Une patate énorme, énorme ! Et il faut qu’elle sorte. Il faut qu’elle sorte ou, ou j’en étoufferai

Et tes mensonges ? Quel menteur tu es ! Tu mens comme tu respires !Tu mens, tu mens, tu mens, tu mens ! Tu mens à propos de bottes et continuellementSi tu me dis que tu vas t’acheter une boîte d'allumettes, c’est faux. Tu vas prendre un bock et vice versa. Tu mens pour le plaisir, par habitudeTiens, l’autre jour, tu m’as raconté que tu allais chez ton dentiste. Moi, je me doute de ton mensonge, je me poste devant l’hôtel de ta vieille poule et je t’ai vu sortirNe dis pas non, ne jure pas sur ta mère ! Je t’ai vu !Tu n’avais pas besoin de me parler du dentiste. Il est vrai que d’aller chez le dentiste ou chez cette vieille poule, ça ne doit pas être beaucoup plus agréableEnfin, ça te regarde. Fais ce que tu veux. Non, ce qui me révolte, c’est le mensongeTu mens tellement que tu t’embrouilles dans tes mensonges, que tu te prends les pieds dans tes mensonges. Tu oublies ce que tu racontes et on est gêné pour toiJe te l’affirme, moi, il m’arrive de rougir quand je t’écoute raconter des histoires qui n’ont ni queue ni tête. Et tu as un aplomb, un aplomb !Remarque, je suis certaine que dois mentir aussi à l’autre. À l'autre ? Aux autres ! Et que ton existence doit avoir la complication d’un cauchemar

Dans le temps, au début, j’étais jalouse de ton sommeilJe me demandais "Où va-t-il quand il dort ? Qui voit-il ?" Tu souriais, tu te détendais, et je me mettais à haïr les personnages de tes rêvesJe te réveillais souvent pour que tu les plaques. Et toi tu aimais rêver. Notre vie n’était pas drôle. Tu aimais rêver et tu étais furieux que je te réveilleMais ta figure béate, je ne la supportais pasMaintenant, si tu dors, je me dis "Me voilà tranquille, il est là. Je peux le dorloter, le toucher, le regarder."Moi je dors mal. Je ne dors presque jamais. Alors je me dis "Il est là, il ne court pas à droite et à gauche. Je l’ai, je le garde."

Émile… Émile ! Je te jure que tu me pousseras à commettre un crime ou tu me pousseras à tout casser, c’est toi qui commettrais un crime, qui tirerais, qui te ferais mettre en tôle. Ah ! Tu te vois en tôle, dis ?

Écoute-moi bien. J’ai pu te parler avec patience. Seulement je te préviens que ma patience est à bout. Si, dans trois minutes… Non, tiens, je vais compter jusqu’à trois. Si quand j’aurai compté jusqu’à trois, tu ne lâches pas ce journal, je te préviens, Émile, que je ferai un malheur

Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, dix, onze, douze, treize, quatorze, quinze, seize, dix-sept, dix-huit, dix-neuf, vingt, vingt et un, vingt-deux…

(sonnerie de téléphone)

Vingt-trois…Tu as de la chance ! Allo ! Allo ! De la part de qui ? Mais non, ce n’est pas la bonne ! Monsieur Émile ? Monsieur Émile lit son journal. Ah… C’est vous ! Ouais ! Parfaitement, attendez !

(La main sur le combiné, à Émile.)

Daigneras-tu répondre ? C’est ta vieille poule

(Silence.)

Elle te demande

(Silence.)

Non, Madame. Oui, je lui ai dit que c’était vous. Il refuse de se déranger. Je vous répète qu’il lit son journal ! Pfffff…Émile, veux-tu venir oui ou non ?Non. C’est non… Ah, mais, Madame, je n’y peux rien… Ah vraiment ? Vraiment ? Vous êtes charmante ! Il refuse de vous parler, que voulez-vous que, j’y fasse ? Oh !

(Elle raccroche.)

Salope !

(Elle s’approche d’Emile.)

Merci, Émile. Tu as été très chicJe n’aurais jamais cru que tu serais aussi chicC'est vrai, je serais morte de honte si tu avais parlé à cette femme. Émile… J' suis… J' suis embêtante, hein ? Avoue ? Émile, pardonne-moi, va… Embrasse-moi…

(Elle écarte le journal, Émile dort, sa cigarette tombée.)

Ho, y dort ! Émile ! Émile, réveille-toi ! Émile ! Émile !Ta vieille poule a téléphoné ! Ta vieille poule a téléphoné ! Ta vieille poule a téléphoné ! J’ai cru que tu refusais de lui répondre et de lui parler… Oh… Émile ?

Émile la repousse d’un geste brusque. Il s'étire, se lève, allume sa cigarette et se dirige vers le cabinet de toilette. Elle le suit, il se rhabille.

Émile, Émile ! Tu te rhabilles ? Ah, prends garde. Je vais me jeter par la fenêtre ! Je vais m' tuer !

Elle ouvre la fenêtre et jette son mégot. Émile entre dans le cabinet de toilette sans qu'elle le voie. Elle quitte la fenêtre et, devant la chambre vide, devient folle.

Où es-tu, Émile ? Émile ?

(Il sort du cabinet de toilette.)

Ho ! Tu m'as fait peur ! J' te voyais plus, j' te croyais sorti

(Il se peigne.)

Qu’est-ce que tu fais ? Qu’est-ce que tu as ? Tu te rhabilles ?

(Il met son veston)

Tu… Tu sors ? C’est impossible ! Qu’est-ce que j’ai dit ? Émile, réponds-moi… Réponds quelque chose ! Tu es trop dur, trop féroce. J’attends… J’attends… J’attends à en crever. Enfin tu arrives. J’ai à te parler, je te parle, tu te plonges dans la lecture d’un journal, et tu t’es endormi ! Alors, quoi, tu n’as même pas entendu ce que j’avais à te dire ! Ah, c’est trop fort ! M’en, m'en vouloir et me punir, de quoi ?

(Elle s’accroche. Il la repousse et ferme son veston.)

Écoute, Émile, je reconnais que j’ai été violente, que tu détestes entendre la vérité… Non, non, au moins certaines choses qui t’ennuient. Émile, dis quelque chose… Parle, ouvre la bouche ! Ne reste pas comme une borne, comme une statue !

(Il met son manteau.)

Hein ? Quoi ? Tu mets ton manteau ? Ah, non, tu ne sortiras plus ! J’ai trop souffert, je ne te laisserai plus sortirÉmile, aie pitié de moi, aie du cœurTu as du cœur, et tu m'aimes… Si tu m’aimais pas, tu ne rentrerais pas, et tu rentres ! Tu rentres en retard, mais tu rentresC’est que tu tiens à moi. C’est que c’est pas fini. Émile, jure-moi que c’est pas fini

(Émile va au téléphone et compose un numéro. Elle s'accroche à son bras.)

Émile, tu n’as pas le droit ! Pense à tout ce que j’ai fait pour toi !Non ! C’est pas ce que je voulais dire ! Je sais bien que j’ai rien fait pour toi, que j’avais rien à faire et que si j’avais fait la moindre chose, c’était trop naturel.Tu m'en veux parce que je parle ?

Pardon, Émile, je serai sage. Je ne me plaindrai pas. Je me tairai, là. Là, je me tairai.Je te coucherai, je te borderai, tu dormiras et je te regarderai dormir, et tu auras des rêves et dans les rêves tu iras où tu veux, tu me tromperas avec qui tu veux… Mais reste ! Reste ! Reste… Je mourrais s’il fallait t’attendre demain ou après-demain

(Émile ouvre la porte. Elle s’accroche à lui)

Émile, je t'en conjure, c'est trop atroce ! Émile ! Reste ! Ah, Émile, regarde-moi ! J’accepte ! Tu peux mentir, mentir, mentir et me faire attendre. J’attendrai, Émile ! J’attendrai autant que tu voudras…

(Émile la repousse et sort en claquant la porte — Elle court à la fenêtre pendant que le rideau tombe.)

Oh ! Émile ! Émile ! Émile ! Émile ! Émile ! Émile ! Oh… Oh… Oh… Émile… Oh…

"Obstinément, tu es làJ'ai beau chercher à m'en défaireTu es toujours près de moiJe t'ai dans la peauY a rien à faireTu es partout sur mon corpsJ'ai froid, j'ai chaudJe sens tes lèvres sur ma peauY a rien à faire

J' t'ai dans la peau!"

The Beautiful Indifferent

{A poor hotel room, lit by the advertisements of the street. Sofa bed. Gramophone. Phone. Small toilet. Posters.As the curtain rises, the actress is only in little black dress. She watches out the window and runs to the door monitor the elevator, then just sit by the phone, and then she puts a disc and off. It returns the phone and as a number.}

Hello, you're Georgette? Get me Mr. Totor. If, find it. I will waitHere he is? Perfect! Pass it on meTotor? Is that you? It's me, yesEmile's up? No?You saw it? At what time? And ... and he was alone? And do not doubt you where he was going? Did he say anything? It was black?Oh, I'm not worried, I had an urgent thing to say, and I can not get hands on itDoes it work? Congratulations! I? Oh, me, after work, I go, I'm dead.Better, rather better. The doctor? If you think I have the money to see doctors.No, but I treat myself, I go, I go to bedEmile? Émile and an angel. It's perfect for me. But if he will return. He never leaves me. He was to have an affairFinally it goes. I embrace you, huh. Come on, goodbyeGoodbye Totor. Good luck

(She hangs up. She hears the sound of the elevator and will listen at the door. The phone rings, she rushes.)

Allo! Ah! It is you! Your brother?Naturally he is your brother. He is there, but it is in the bathroom.I'll call.Émile! Émile! What? You can not come? Lovely!Allo. What he and rude!No. He shouts that he is naked and it would be inappropriate to phoneIf I'm sure he's there?You are crazy, Simone. Of course it is!Oh, it's not my fault if he refuses, to disturb, to comeYour sister is that you could bother you!Ah, he has chosen vocabulary!No, he's in the water and he claims to remain in the waterI require you. This is it!

(She hangs up. - Between the teeth)

The bitch!

(She takes his faction. Elevator noise. She rushes. We hear another door. Silence. It relies standing against the door, exhausted. She goes to the clock and advance the needles. A whisper .)

That's easy to call to get a camera!

She looks at the phone and suddenly decides to put a cape. Key noise. She takes off the cape. She rushes on the couch and takes a book. The door opens between Émile. It's a beautiful gigolo, beside not be. He entered, and for what is to follow, will undress, from bathroom to bedroom whistling.

Your sister phonedI said you were in the bathNo need her to know that you were not returned to the hotel, you hanging anywhere. She was so happy! Besides, she phoned to realize that. She kept saying "You're sure he's there?"What a bitch!Where were you?I asked at Totor, we saw you, but no one knew where you wereTime flies so fast! I read, I thought I just returned from my work and then I look at the clock and I realize that it is an impossible timeWhere were you?

(Silence)

Perfect! You do not want to answer, as usual! Do not answer, my man! It's not me who will question who insist. I'm not one of those women who are questioning and walking on your heels until they know what they wantWith me you have nothing to fear!I ask you where you were ...You refuse to answer?The case is heard. But in the future, I will take it at my leisure. While Mr. walks, I'll go wherever I like, and I do not make you accounts. It would be too easy, thank you!Monsieur does what he wants, and Mrs. must remain locked triple tower at the hotel!I understood. I did not understand, but I understood. Good evening ladies and gentlemen. I came as a little girl wise to wait ... and Mr. Sir does not fit! Monsieur is quiet, Mr knows that Madame is at the hotel, she sleeps. So Mr. loose! But all that will change. Tomorrow I accept the offers of the types who send me flowers, letters, etc. Champagne Mr. and see how funny it is to wait. To always wait

Emile has spent his robe, he lay down on the bed, lights a cigarette and deploys a newspaper that hides her face.Read your newspaper! Read your newspaper, or rather pretend to read it. Nothing will stop me from screaming ...

(Knock on the wall and continues below)

... Screaming that I have on the heartIt is very convenient newspaper. Behind a newspaper, it is hiding. But me, behind the newspaper, I guess your face nasty and attentive, yes, my dear, has ten-tive!I speak, I'll empty my bag! Nothing will stop me to empty my bag!

(On the wall is struck)

Fuck!

Read your newspaper, it's that simple!Do you know what that is, you, than to be sick to go to the body? Do you know what it's like to go fast at home, hoping that the support of the person you love, and to find the room empty and wait?

Wait! I know this room. If I know!I know the red and green advertisements that light up and go out and have the tics like an old maniacI know the taxis who pretend to stop, that slow and spend. And each time, the heart stops beatingI know the elevator that goes up to the floor above or stops at the floor below and the sound of other doorsI know the hands of the clock which spin at full speed if you do not look at them, and, if you look, slip like thieves, so slowly that does not see them stir and believed that clock is wrongWait. Wait, your home, this is art! A Chinese torture. You know all the tricks, all the most appalling ways to hurt and harm

What I expected!I count to a thousand, ten thousand, one hundred miles up. I count my steps between the window and the door. I combine my calculations not count double. I put a disc. I start a book and listen. I listen with all my skin like a beast! And sometimes I can not stand it and I phoneI phone in one of those dirty boxes where you hang out, where you have to torture other women. And you always just go! And we never know where you left. And the lady of the sink that takes a voice of mother hen, a compassionate voice. Ah! That one, I'd kill him!

Moreover, it is possible that I will kill you. Mention of women who killed their lover for less than that. Wait, wait, wait, wait! This is going crazy, and it's crazy that kill!After I kill myself. I can not bear to live without you. I am sure. But what do you want, it's a reflex!

Look, I speak, I speak, other than you would throw their paper would meet me, or gifleraient me explain. You no! Read your newspaper or you pretend to readI give a lot to see your face behind this journalYour figure of the devil. A figure that I love and that makes me want to take a gun and shoot you!

Listen, Émile tonight I decided to tell you everythingI think it is better if we part

Yes! You are accustomed to what I suffer in silence, I loop, but the measure is full!At two o'clock I promised myself, if you come home, shut up, to be kind, to bed, to pretend I was asleep, as if you woke upTwo ten, torture cars and the elevator startedAt a quarter past two, your sister had the brilliant idea, bright, making his police and see if you were back to the hotel and at half past two, I lost control of myself and I decided, yes, I would talk and decided that I'd end up with this silence!

Oh! You can shut up, you can read your journal, you can hide behind your newspaper. I do not care! I will not be your fool. I see you, I see you in spite of the newspaper. Ha ha!My Scene bother you, eh? You did not expect you there. You said you "This is a victim, enjoy it!" Well, no, no, no, no, no, I refuse to be a victim and let me simmer. I live, I will fight, and I'll get successful

I love you. That is understood. I love you and that is your strength. You, you pretend that you love me. But you do not love me, Emile. If you loved me, you would not make me wait, you do not tourmenterais me every minute, hanging box by box and make me wait. I bite me. I am a shadow of myself. Here: a ghost! A real ghost. Covered ghost channels, all the channels you me taglines. A ghost in a dungeon

I know what you want. I know it. You want to come and go, do whatever comes into your head, sleeping with the whole world and know that I, I love you, ha ha ha, it seems, I'm locked in a tower triple safe which you want the key in your pocket. And then you'd be alone! This is despicable. Vile!

Émile!

Oh! Good. Continue, read your newspaper, read your newspaperThere is a long time since you must have finished reading it! I advise you to read it, read it from top to bottom and from bottom to top, left to right and right to leftYou are grotesque. That's what you are. You are grotesqueGentleman is calm. Monsieur wants to prove that he is calmAnd I'm not calm, eh? I am calm! A model of calm! I do not know many women who retain their calm to the point where I keep mine!Long ago that another would have torn you what newspaper or would have forced you to answer something! Not me!I decided that I would keep my cool and I will keepIt is you who miss quiet! I'm not crazyI see your leg trembling, your hands whiteningYou die of rage! You die of rage because you know you at fault

Where were you?I phoned Totor, you'd just go, probably with chickenNo doubt with that filthy hen with whom you sleep when you tell me that your colleagues ask you to ride in MarseilleShut up! I know and I know youA woman who has twice your age who dresses at the flea market. People return to the streets!And here is the hen that Monsieur! And that's the hen with which it wrong!Again, I would learn that you deceive me with a cool little girl, new, you throw, you have in the skin ... I did not say it would enchant me, no! But I'll find excuses. But then an old woman, not even rich, and you win what?Hum? What? I ask you! Finally, men are crazy! Insane and vicious and deadly. Fatal. For you are fatal. Well, that's the word I was looking for. You are fatal!

And my health? You think about my health? You do not care, right? If I was dying, I would get rid youYou think it suits my health, to wait, to wait, to always expect. To go to this window to the door or the door to the window?There was no phone in this filthy hotel. I did ask. Why? For Monsieur could reassure me, tell me "I have a deal, I'm such and such a place, do not worry, my love, I go right away."Unnecessary expense: is your sister phone!

The phone has become an instrument of torture and more. There was the elevator. There was the bell from below. He had the keys in the doors. There was the clock. Now there is the phone. This phone I look, I devoured the eyes, and, and silence. Mr never would think, where it is, God knows where - hush! I prefer to ignore it - he would never have the idea to say "It die alone in the hotel, it's not hard, I'll give a call."Ha, ha, ha! It s'rait too much trouble, would extend the arm. Prove to the chicken that you are with that you have another one at home. Out of your mystery, your "dumb"

Émile! You persist? You cling to this newspaper? One two Three! Very good!I will continue! I will continue because I know you're listening and that I bother youThe die is cast! I leave you the whole package. I will tell you everything I crammed for months. I will tell you all that I have on my heart!A potato! It's called a potato! I have a potato on the heart. A huge potato, huge! And so it must. It must sort or or I strangle

And your lies? What a liar you are! You lie as you breathe!You lie, you lie, you lie, you lie! You lie about boots and continuouslyIf you tell me you're going to buy you a box of matches, it is not. You take a glass of beer and vice versa. You lie for fun, out of habitWell, the other day you told me you were going with your dentist. I doubt me your lie, I post myself in front of the hotel of your old hen and I saw you outDo not say no, do not swear on your mother! I saw you!You did not need to tell me about the dentist. It is true that going to the dentist or the old hen, it should not be much betterFinally, it looks at you. Do what you want. No, what shocks me is a lieYou lie so much that you get muddles in your lies, you'll take foot in your lies. You forget what you say and you are embarrassed for youI'll asserts, me, sometimes I blush when I hear you tell stories that have neither head nor tail. And you aplomb, aplomb!Note, I'm sure must also lie to each other. At the other? To others! And that your life should have the complication of a nightmare

In time, at first, I was jealous of your sleepI wondered, "Where is he going when he sleeps? Who does he see?" You smiled, you was relaxing you, and I began to hate the characters in your dreamsI will often wake up for you the plates. And you loved her dream. Our life was not funny. You loved to dream and you were angry that I wake youBut your face smug, I do not standNow, if you sleep, I say "Here I am alone, there it is. I can pampering, touch, look at him."I sleep badly. I almost never sleep. So I say "There he is, he does not run to the right and left. I have it, I keep it."

Emile ... Emile! I swear you pousseras me to commit a crime or you pousseras me to break everything, it is you who would commit a crime, which would draw, which would put you sheet. Ah! You'll see sheet, eh?

Listen to me. I could talk to you patiently. Only I warn you that my patience is running out. If in three minutes ... No, look, I'll count to three. If when I have the count of three, you do not loose this newspaper, I warn you, Emile, I will do a misfortune

One, two, three, four, five, six, seven, eight, nine, ten, eleven, twelve, thirteen, fourteen, fifteen, sixteen, seventeen, eighteen, nineteen, twenty, twenty-one, twenty two ...

(Phone ringing)

Twenty-three ...You're lucky! Allo! Allo! From whom? But no, this is not good! Émile? Émile reads his newspaper. Ah ... It's you! Yeah! Ideally, wait!

(The hand on the handset, Emile.)

Deign you answer? It's your old hen

(Silence.)

She asks you

(Silence.)

No, ma'am. Yes, I told him it was you. He refuses to disturb. I repeat that he reads the newspaper! Pfffff ...Emile, will you come or not?No. It is not ... Ah, but, madam, I can not help it ... Oh really? Really? You're charming! He refuses to talk to you, what do you want, me to do? Oh!

(She hangs up.)

Slut!

(She approach Emile.)

Thank you, Emile. You were very smartI never thought you'd be as chicIt's true, I would be mortified if you had talked to this woman. Émile ... I 'am ... I' am annoying, right? Confess? Émile, forgive me, will ... Kiss me ...

(She pulls the paper, Émile sleeps, his fallen cigarette.)

Ho, sleeps there! Émile! Emile, wake up! Émile! Émile!Your old hen called! Your old hen called! Your old hen called! I thought you refused to meet him and talk to him ... Oh ... Emile?

Émile regrowth of an abrupt gesture. It stretches, gets up, lights his cigarette and walks to the bathroom. She follows him, he gets dressed.

Emile Emile! You get dressed again? Ah, look out. I'll throw myself out the window! I'll m 'kill!

She opened the window and threw his cigarette. Emile enters the bathroom without her direction. She left the window and in front of the empty room, goes crazy.

Where are you, Emile? Emile?

(He leaves the bathroom.)

Ho! You scared me! I 'see you more, I' thought you were out

(This comb.)

What do you do? What do you have? You get dressed again?

(He puts his jacket)

You ... you go? It is impossible! What did I say? Émile, answer me ... Answer me something! You're too hard, too fierce. I'm waiting ... Waiting ... Waiting to bursting. Finally you arrive. I have to talk to you, I speak to you, you dive you into reading a newspaper, and you fell asleep! So, what, you did not even hear what I had to tell you! Ah, that's too much! Me, blame me and punish me for what?

(She clings. He pushes and closes his jacket.)

Listen, Emile, I acknowledge that I was violent, you hate to hear the truth ... No, no, at least some things that annoy you. Émile, say something ... Speak, open your mouth! Does not remain as a milestone, like a statue!(He puts his coat.)

Huh? What? You put your coat? Oh, no, you do not go out! I have suffered too much, I will not let you outEmile, have mercy on me, have the heartYou have the heart, and you love me ... If you are not like me, you do not go into, and you come home! You come home late, but you comeIs that you want to me. Is that it is not finished. Émile swear to me that it's not over

(Émile goes to the phone and dials a number. It clings to his arm.)Emile, you have no right! Think of all I've done for you!No! This is not what I meant! I know that I have done nothing to you, I had nothing to do and that if I made the slightest thing was too natural.You mad at me because I speak?

Pardon, Emile, I will be good. I do not complain. I will be silent there. There, I will be silent.I'll go to bed, I borderai you, you will sleep and I'll watch you sleep, and you will have dreams and the dreams you go where you want, you deceive me with who you want ... but still! Rest! Still ... I would die if he had to wait for you tomorrow or after tomorrow

(Émile opens the door. She clings to him)

Emile, I implore you, it's too horrible! Émile! Rest! Oh, Emile, look at me! I agree! You can lie, lie, lie and make me wait. I will wait, Émile! I'll wait all you want ...

(Émile regrowth and out, slamming the door. - She runs to the window as the curtain falls)

Oh! Émile! Émile! Émile! Émile! Émile! Émile! Oh ... Oh ... Oh ... Oh ... Emile ...

"Stubbornly, are you thereI'm trying to get rid of itYou are always with meI saw you in the skinThere's nothing to doYou're all over my bodyI'm cold, I'm hotI feel your lips on my skinThere's nothing to do

I saw you in the shoes! "

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