Corne d'aurochs
Il avait nom corne d'Aurochs, au gué, au guéTout le monde peut pas s'appeler Durand, au gué, au gué
En le regardant avec un œil de poèteOn aurait pu croire à son frontal de prophèteQu'il avait les grandes eaux de Versailles dans la têteCorne d'Aurochs
Mais que le bon dieu lui pardonne, au gué, au guéC'étaient celles du robinet, au gué, au gué
On aurait pu croire en le voyant penché sur l'ondeQu'il se plongeait dans des méditations profondesSur l'aspect fugitif des choses de se mondeCorne d'Aurochs
C'étaient hélas pour s'assurer, au gué, au guéQue le vent ne l'avait pas décoiffé, au gué, au gué
Il proclamait à son de trompe à tous les carrefours"Il n'y a que les imbéciles qui sachent bien faire l'amourLa virtuosité c'est une affaire de balourds!"Corne d'Aurochs
Il potassait à la chandelle, au gué, au guéDes traités de maintien sexuel, au gué, au guéEt sur les femmes nues des musées, au gué, au guéFaisait le brouillon de ses baisers, au gué, au gué
Et bientôt petit à petit, au gué, au guéOn a tout su, tout su de lui, au gué, au gué
On a su qu'il était enfant de la PatrieQu'il était incapable de risquer sa viePour cueillir un myosotis à une filleCorne d'Aurochs
Qu'il avait un petit cousin, au gué, au guéHaut placé chez les argousins, au gué, au guéEt que les jours de pénurie, au gué, au guéIl prenait ses repas chez lui, au gué, au gué
C'est même en revenant de chez cet antipathiqueQu'il tomba victime d'une indigestion critiqueEt refusa le secours de la thérapeutiqueCorne d'Aurochs
Parce que c'était un Allemand, au gué, au guéQu'on devait le médicament, au gué, au gué
Il rendit comme il put son âme machinaleEt sa vie n'ayant pas été originaleL’État lui fit des funérailles nationalesCorne d'Aurochs
Alors sa veuve en gémissant, au gué, au guéCoucha avec son remplaçant, au gué, au gué