Jean et Martine
Jean le routier roule sur la route.Il y a les arbres, il y a les champs,La pluie qui tombe à grosses gouttes,Y a les virages, il y a le vent.Il y a le froid et le soleil.Il y a le jour, il y a la nuitEt la fatigue, et le sommeilEt les quinze tonnes, ça fait du bruitMais il y a aussi à la maisonSa petite Martine et sa chanson.
« Jean va rentrer de sa tournée »,Chante Martine dans sa cuisine.« Il sera sûrement fatigué,Il aura sa pauvre petite mineMais je pourrai le regarderEt l'embrasser pendant qu'il dîneEt le soigner, le cajolerEt me serrer sur sa poitrine.Plus tard quand il s'endormiraMoi, je serai dans ses bras... »
Il y a du brouillard à sa fenêtre.Martine attend... On a sonnéC'est un monsieur avec une lettre.Il a l'air sombre et ennuyé.« La Compagnie... Condoléances...Un accident... Faut signer là...Il y a les obsèques et l'assurance... »Pourtant Martine ne comprend pasCe n'est pas vrai... Elle n'y croit pas.Dans cinq minutes il sera là...
« Jean va rentrer de sa tournée »,Chante Martine dans sa cuisine.« Il sera sûrement fatiguéIl aura sa pauvre petite mine.Je vais le soigner, le cajoler...Et me serrer sur sa poitrinePlus tard quand il s'endormira...Non ! Non ! Non !Jean... Jean...Oh ! Jean ! »