Les déséspérés
Se tiennent par la main et marchent en silenceDans ces villes éteintes que le crachin balanceNe sonnent que leurs pas pas à pas fredonnésIls marchent en silence les désespérés
Ils ont brûlé leurs ailes ils ont perdu leurs branchesTellement naufragés que la mort paraît blancheIls reviennent d'amour ils se sont réveillésIls marchent en silence les désespérés
Et je sais leur chemin pour l'avoir cheminéDéjà plus de cent fois cent fois plus qu'à moitiéMoins vieux ou plus meurtris ils vont le terminerIls marchent en silence les désespérés
Et en dessous du pont l'eau est douce et profondeVoici la bonne hôtesse voici la fin du mondeIls pleurent leurs prénoms comme de jeunes mariésEt fondent en silence les désespérés
Que se lève celui qui leur lance la pierreIl ne sait de l'amour que le verbe s'aimerSur le pont n'est plus rien qu'une brume légèreÇa s'oublie en silence ceux qui ont espéré.