Les Hommes
Ils naissent un matin et comblent de bonheurPoussent un premier cri, qu'ils pousseront toujoursQu'ils sont beaux d'innocence et qu'ils sont beaux d'espoirQu'ils sont beaux de jeunesse, qu'ils sont tristes d'y croire
Puis comprennent un peu mieux, mieux de jour en jourQue la vie c'est de vivre, sans jamais voir le jourQue la vie c'est de vivre de jour en jourEt que vivre c'est frémir, et frémir à toujours
Ils parlent d'avenir, de fortunes, de paysDe femmes à conquérir, ils parlent de partirPuis ils parlent d'amour comme on parle d'un rêveQu'on fait de jour en jour, jour après jour
Et puis voilà l'amour, et c'est alors qu'on s'aimeEt qu'on va s'inventer qu'on est roi, qu'on est reineOn se prend à rêver qu'à deux on est invincibleQuand il n'est plus qu'attendre, à se partager
Alors ils marchent ensemble, en pauvres condamnésAlors ils rêvent ensemble, des rêves fatiguésAlors ils marchent ensemble, car il faut bien vieillirPuis ils vieillissent ensemble car il faut bien mourir
Ils meurent au matin, non ce n'est pas le soirIls meurent un matin, bouffés par leur mémoireEt pour l'éternité, poussent un dernier criCar ici respirer rime avec agonie
Quand soudain le néant fait place à l'InfiniQuand enfin le silence nous rappelle à la vieQuand enfin délivrés de la pénitenceJaillit de l'Imparfait la nouvelle naissance