Le reproche
Quoi! Vous avez ma vie avec tout mon visageEt mon corps qui est muEt qui frissonne tout du don et de l'usage
Que vous en avez !
Quoi! Votre bouche avide a respiré ma boucheEt je fus en vos mainsCelle qui vit et qui soupire et dont on toucheLe doux ventre et les seins !
Vous avez eu ma peur, ma peine et ma faiblesseQue dis-je? Et mon désirEt sa rougeur, sa folie et sa bassesseEn face du plaisir.
Et vous avez senti sous ma poitrine lisseMon cœur battre à grands coups,Et toute cette angoisse, hélas ! Avec déliceQue j'éprouvais de vous !
Vous avez eu ma peur, ma peine et ma faiblesseQue dis-je? Et mon désirEt sa rougeur, sa folie et sa bassesseEn face du plaisir.En face du plaisir.
Vous avez eu mon corps, mon cœur et mon visageVous savez, orgueilleuxQue c'est sur votre chère et redoutable imageQue se ferment mes yeuxVous m'avez contemplée anéantie et nue de la nuque à l'orteilEn suppliants ainsi l'aurore revenueD'arrêter ce soleil.