Attendre son pays
C’est un peu comme attendre une étoile,Comme attendre le Messie.C’est un peu comme tendre sa voileEt attendre le chergui.
C’est un peu comme une longue prièreQu’on ne fait que dans son lit—Un peu désespérantD’attendre son pays.
C’est un peu comme attendre qu’une mèreLave les planchers salis.C’est plutôt même un peu le contraire :Ce sont les jeunes aujourd’hui
Qui secouent toute la vieille poussière,Jettent les idées ternies.C’est un peu inquiétantD’attendre son pays.
Refrain :C’est un peu comme attendre au théâtreQue le spectacle commence;On trépigne, on a hâteDe voir les performances.Faut qu’le casting soit le bonPour qu’le peuple se lève d’un bond.
C’est un peu comme attendre un traîneauAu-dessus des cheminées.C’est un peu comme attendre un cadeau,Mais toujours être oublié.
On n’croit plus à l’habit rouge et blanc,On n’veut plus se déguiser.C’est un présentTout bleu que l’on veut déballer.
Refrain
On ne peut pas attendreQue des feux viennent prendreNos forêts, notre langue—Qu’est-ce qu’on ferait de nos cendres ?
On est là qu’on piétineUn pays plein d’promesses.Faut-il aller en ChinePour savoir nos richesses ?
On attend de tracer les confinsD’un pays déjà formé,Souligner le contour du jardinQui nous fleurit sous les pieds.
C’est un peu comme attendre le trainQui nous attend lui aussi.C’est un peu insenséD’attendre son pays.
C’est un peu inquiétantD’attendre son pays.Non mais qu’est-ce qu’on attendPour devenir un pays?